« Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs. »
Montaigne
C’est découvrir un jour au détour des miroirs
Les marques du temps creusées dans le visage,
Ces sillons apparus sans fanfare ni trompette.
Qui s’imposent un beau jour, conquérants, malhonnêtes.
Sacrifiant à jamais la beauté effrontée
Que pour un temps seulement la vie nous a dotée.
Nous privant pour toujours d’une richesse inavouée
Celle de la jeunesse et tous nos rêves avortés.
Tuant du même coup la séduction rassurante
Remettant en question nos valeurs indécentes.
Ces rides qui se creusent, chaque jour davantage
Empreintes de nos blessures, mémoires de nos destins
Malmènent notre corps jusqu’à atteindre notre âme.
Ce corps qui se laisse faire sans même riposter
Condamné à vieillir et à se délabrer !
Vieillir, c’est avoir du mal à se lever le matin
Esseulé(e) sous la couette, au chaud, on est si bien !
C’est s’apercevoir que l’Espoir fait faux bon
Et que la solitude, longtemps vécue avec rebonds,
Revendique désormais son droit absolu
De compagne fidèle et bien entretenue !
Vieillir, c’est se demander où passent les journées,
Qui s’accélèrent, fuyantes, au fil des années.
Vieillir, c’est reconnaître l’issue d’un naufrage
Sans forcément l’accepter, sans forcément lutter.
Un naufrage qui rend amer, ravive les remords, davantage les regrets.
Qui fait pleurer souvent quand l’émotion s’emballe.
Plonger dans le désespoir les jours où elle s’étale.
Vieillir, c’est avancer à reculons, lentement,
S’accrocher aux souvenirs de cette jeunesse d’antan
Faire de la nostalgie son nouvel art de vivre
Frustré et condamné à errer dans l’hiver
La saison finissante d’une vie à revers.
Vieillir c’est regarder des photos, un sourire sur les lèvres
Comme un pèlerin ivre de son image pieuse
Arpente le chemin des regrets éternels,
Contemplant le passé en paradis perdu.
Vieillir, c’est brutalement cesser de s’émerveiller
C’est croire devenu impossible de conjuguer
Au présent et au futur le verbe Aimer
Se laisser peu à peu sombrer dans le néant
Des gens et des choses, de la vie simplement.
Vieillir, c’est comprendre dès la première ride
Que nous sommes mortels, après avoir cru longtemps
Que l’Eternité était notre seule destinée,
Le privilège de la jeunesse inconsciente,
La sagesse enfin des âmes vieillissantes.
Vieillir, c’est fréquenter davantage les cimetières
Voir ses amis partir sans pouvoir les retenir
Savoir qu’un jour, inondé de tristesse
Votre tour arrivera sans liesse
Où vous serez devant le cortège funèbre
Le regretté présent aux portes des ténèbres.
Julie Tomiris
La seule vraie justice dans la vie d'un humain, et que les plus fortunés ne pourront jamais acheter, c'est que nous sommes tous au même niveau lorsque l'horloge biologique remet à l'heure les aiguilles du temps et nous rappelle que nous sommes de simples mortels, appartenant au grand cycle de l'évolution des espèces.
Une fois la conscience remise au diapason et les choses de la vie ramenées à l'essentiel, nous paraissent alors bien dérisoires tous nos efforts pour obtenir une reconnaissance dans une société nous obligeant toujours au parcours du combattant pour se sentir exister, avec finalement un boulet au pied à traîner, qui nous empêche de respirer le parfum de la Liberté.
Il est bon d'écouter les anciens souvent devenus des sages pour comprendre à son tour, l'étendue des illusions qui jonchent notre destin ; que nous nous trompons souvent de l'importance donnée aux choses qui n'en valent pas la peine, privilégiant à tort des ambitions futiles pour parer notre ego d'autosatisfaction, quand ce n'est pas pour certains de l'écho d'un narcissisme démesuré. Comprendre enfin que nous sommes tous à égalité pour un peu plus d'humilité, aidant à mieux nous supporter.
Nous fonçons tous vers une ligne d'arrivée, la seule pour laquelle nous ne nous poussons pas, ou ne jouons pas des coudes pour être le premier à la franchir. Et mettre la marche arrière pour l'éviter est une chimère que tout le monde entrevoit, qui nous laisse seulement percevoir le film de notre passé, embrumé des larmes de la nostalgie.
Mais puisque Vieillir appartient à la Vie, comme la Mort a sa place tout aussi légitime, le mieux n'est-il pas de l'accepter avec la dérision en béquille ? Comme le démontre avec un talent irrésistible, l'humoriste Tex, qui réussit à nous faire rire sur un thème si grave et que tout le monde préfère éviter. Peut-être espérant y échapper, en adoptant le déni ou la fuite ! Surtout ne pas y penser !
Une erreur certainement ! Car fermer sa conscience, c'est aussi se fermer à l'essentiel. Se contenter des fioritures, des artifices, des spots aveuglant la réalité. Refuser de se remettre en question, nier tout simplement que nous sommes bien mortels.
Alors, pour ma part, j'adhère à l'humour, toute forme d'humour, aussi noir soit-il ! Puisque nous ne pouvons rien y changer et que le mieux à faire, c'est d'en rire pour en apaiser les effets. Etre conscient, mais ne pas se prendre au sérieux ! Admettre que la vie est loin d'être un long fleuve tranquille et qu'au bout, il y a un chute, loint d'être une histoire drôle à mourir de rire, et d'où l'on ne revient pas ! Toutefois, l'espoir est permis qu'un après il y a, différent certainement, mais un secret bien gardé par les maîtres de l'Univers n'ayant jamais trahi ce mystère habillé des fantasmes multidirectionnels des terriens ici bas. Lesquels sont voués à le partager et obéir à sa loi !
Amen !
Et maintenant, rions un peu , si vous le voulez bien !
Julie Tomiris
Conformément au code de la propriété intellectuelle (loi n°57-298 du 11 mars 1957),
il est interdit d'utiliser et/ou reproduire et/ou représenter et/ou modifier et/ou adapter
et/ou traduire et/ou copier l'un des articles personnels publiés sur ce blog
"L'humeur des jours" de façon intégrale ou partielle sur quelques supports
que ce soit , électronique, papier ou tout autres supports, sans l'autorisation expresse
et préalable de l'auteur. Tous droits réservés.