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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 21:02

 

 

Aujourd'hui, en rentrant de balade citadine, aux heures où le soleil ne darde pas encore, j'ai rencontré un papillon blanc avec quelques taches noires, volant de fleur en fleur sur un parterre de ma résidence. Comme il est très rare de faire de telles rencontres en milieu citadin, je suis restée en arrêt pour l'admirer quelques instants en train de butiner des fleurs, de toutes les couleurs, ressemblant à des petits choux, que des abeilles convoitaient également, en se répartissant la tâche de récolter le pollen. Tout ce petit monde minuscule semblait bien affairé, très pressé, accomplissant consciencieusement sa mission pollinisatrice. Cette rencontre m'a remplie de joie, car j'ai tout de suite pensé : « il y en a encore !!!!". Ces fragiles papillons résistent à l'acharnement des humains à se couper de la Nature et œuvrer à faire disparaître toutes les espèces vivantes qui les gênent, à coup d'insecticides et de désherbants en milieu urbain.

 

A 50 centimètres de mon regard, je suis restée sans bouger à le regarder faire, s'attardant plus longuement sur une fleur, ou s'éloignant très vite de celle qui avait dû être visitée avant lui, par ses copines les abeilles, bien sûr. Et je me rends compte que ce spectacle est presque devenu un événement de nos jours, de par notre déconnexion avec la Nature et la rareté de la biodiversité visible dans nos cités bétonnées, mis à part les jardins et les parcs, mais ces derniers n'imitant la Nature qu'à moitié avec l'empreinte de plus en plus formatée de jardiniers sculpteurs.

 

Aujourd'hui, il me faut remonter à l'enfance pour faire revivre des souvenirs d'un vécu avec le milieu du microcosmos, tout naturellement, sans imaginer à cette période où ce dernier faisait partie du quotidien, campagne et ville confondues, que l'avenir les mettrait sérieusement en péril à cause de l'activité humaine croissante, en voie de désenchantement et de détérioration profonde du milieu naturel.

 

J'ai continué mon chemin sans oublier de leur dire au revoir et leur souhaiter bonne chance. J'ai bien remarqué que je n'avais nullement perturbé leurs agapes du jour et qu'ils s'étaient peu souciés de ma présence éphémère et discrète.

 

De retour sur Internet, je me suis mise en quête de découvrir l'identité de ces fragiles ailes s'agitant dans l'air en me dévoilant leurs motifs discrets. Vues la description et la photo, je pense qu'il s'agit bien du Pieris brassicae ou "Pieride du chou »et une demoiselle plus précisément, semblerait-il !?? Comme il s'agit là d'un papillon commun, ce n'était pas à mettre en valeur une star des rhopalocères, mais pour moi un petit scoop du jour. Je sais que je vais faire sourire les résidents nature, randonneurs et autres découvreurs du peuple minuscule, mais il suffit de si peu de choses pour mettre du baume aux heures de morosité qui pourrissent le quotidien. Et les plus infimes pour certains sont d'une importance majeure pour d'autres. Chacun produit son bonheur là où il le puise et chacun en est son principal acteur. Enfin, il me semble !

 

Il faut seulement prendre le temps de regarder, de s'arrêter, de sortir des sentiers battus, savoir s'émerveiller sans retenue ! Prendre le temps de vivre peut-être tout simplement. Toutefois, il y a une question majeure qui me taraude aujourd'hui. Est-il encore possible de vivre proche de la Nature avec tout le bien-être souhaité, de paix et de sérénité ? Car cette course au tourisme qui ne cesse d'innover dans ce domaine ne rencontre-t-elle pas des effets pervers de nuisances, si l'équilibre n'est pas de mise et un appât du gain prioritaire nuisible à cet environnement si cher à notre bien-être.

J'ai toujours en tête cet exemple de la Pointe-du-Raz, ayant marqué mes jeunes années comme un site de totale liberté, à la rencontre des éléments, la mer, ses courants contraires du Raz de Sein et ce vent du large fracassant les vagues avec furie sur les rochers par fortes tempêtes, vous coupant le souffle, au sens figuré, de par toute cette beauté vierge d'humains ; cette force du vent vous coupant le souffle, au sens propre, en osant lui faire face.

 

Aller à la Pointe-du-Raz était bien se mesurer à la liberté totale, sans pollution humaine ! Pendant plus de 20 ans, lorsque mes souvenirs remontaient à ce site inoubliable, je reprenais en même temps une grande bouffée d'oxygène parfumée d'air iodée et mes yeux imprimaient sur un écran intérieur des images de mes randonnées avec mon chien sur ce site (devenu aujourd'hui un haut lieu touristique labellisé Grand Site de France) avec vue panoramique sur les phares de la Vieille et de Tévennec. Une époque bénie et pas grand monde à crapahuter sur cette formation graniteuse résistant à la force des éléments, et s'avançant dans la mer d'Iroise, comme la proue conquérante d'un navire ancré à terre, dominé par un sémaphore et sous le regard bienveillant de la statue Notre-Dame des Naufragés.

 

Je fais donc partie de ces privilégiés qui ont connu la bruyère sous les semelles de leurs pieds, car l'accès à ce site n'était pas balisé avec interdiction de fouler le sol où ces fleurs sont devenues si précieuses et protégées de cette pollution humaine de visiteurs, qu'il a fallu maintenir dans un sens giratoire, avec interdiction de dépasser la zone piétonne pour piétiner la lande, définitivement hors de portée.

 

Mais je n'en ressens aucune fierté, bien au contraire ! Car depuis, mes souvenirs sont contaminés par cet assaut humain développé par le Tourisme de masse, qui ne peut qu'être nuisible si les « bornes des limites » ne sont pas installées. Et se mêler à ce tourisme à la queue-leu-leu n'incite guère à l'envie d'approcher la Nature de cette manière. Aussi, ma nostalgie ne se porte pas sur le fait que j'ai pu bénéficier du privilège d'avoir profité de ce site exceptionnel dans des conditions à l'échelle humaine, en osmose avec le milieu naturel, mais de savoir que mes pas ne s'orienteront plus jamais vers cet endroit, depuis que j'ai découvert ce qu'il était devenu : un parasitage touristique à grande échelle et à but lucratif.

 

Je comprends bien que ces lieux exceptionnels attirent et il n'est pas raisonnable de s'en prendre aux amoureux de la Nature, ni aux curieux candidats aux circum-touristiques, mais ce n'est pas ma conception de la découverte de la Nature. Alors, je préfère utiliser les photos, les films et les documentaires pour rêver à ces échappées belles vers des sites enchanteurs. Même si la sensation ne pourra jamais être comparable, le voyage en solitaire, mais accompagnée d'une grande imagination, apporte de sérieux avantages.

 

Beg ar Raz, son nom breton, n'est qu'un exemple parmi tant d'autres sites désormais submergés par la faune humaine, au point de faire la queue souvent pendant des heures pour y avoir accès. Tous les coins du monde sont concernés par ce tourisme de masse, détournant complètement de ce slogan des baroudeurs : « l'aventure c'est l'aventure ».

 

De ce fait, je m'inquiète pour ces sites, peut-être un peu moins touristiques mais qui demeurent des attraits non négligeables pour simplement y résider. Seulement, ceux qui ressemblent à des petits coins de paradis s'avèrent de plus en plus inabordables financièrement, en concurrence désormais avec la manne touristique, qui « expulse », par obligation, une partie de leurs habitants résidents, en rendant les locations ou achats inaccessibles aux économiquement faibles et satisfaire ainsi des étrangers fortunés n'ayant pas résisté à l'appât tendu par l'attrait des lieux, et devenant des résidents prioritaires moyennant une rentrée financière très favorable à l'économie locale en s'y installant. Ce n'est probablement pas une généralité, mais cela existe et apte à laisser un goût amer.

 

Car si l'envie de changer de vie en changeant de ville ou de région, comme je l'ai fait souvent, peut-être trop même, afin de gagner en qualité de vie, je m'aperçois aujourd'hui que c'est devenu plus difficile et un défi à ne pas prendre à la légère avec cette pensée en tête que je me suis souvent appropriée, « Go ! l'aventure c'est l'aventure !!! » Les temps ont changé et les valeurs aussi !!! La remise en question est un acte réfléchi, dans tous les domaines d'ailleurs.

 

Je réalise qu'une simple rencontre avec un papillon en ce début de matinée, apparemment insignifiant, aura fait voyager mon esprit dans une réflexion, dont je cherche le rapport, mais qui n'en est pas moins la suite du fil conducteur de ma pensée vagabonde et à rebonds...... comme le vol du papillon !

 

Julie TOMIRIS

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