L'oeuvre du Maître Céleste

  

Depuis bientôt quatre ans, chaque soir à l'heure où Maître Râ tire sa révérence, lorsque les nuages choisissent de se laisser enflammer et le ciel s'habiller de teintes pastelles, je ne peux détacher mon regard de la lente descente sur l'horizon de notre soleil, ce peintre de Mère Nature à nul autre pareil.

Il est impossible de résister à ses oeuvres, sans cesse renouvelées, bien que le décor soit toujours le même. Une toile bleue souvent habillée des passagers du vent ! Avec l'avantage de me présenter le tableau dans son intégralité du haut de mon 9ème Ciel. Une altitude que je partage avec les oiseaux, les pigeons, les corneilles, les merles, les abeilles, les bourdons et même les papillons. L'impression bien souvent de les accompagner dans leur vol, de me joindre à leur escadrille pour aller virevolter en toute liberté.

Comme à chaque fois, des moments qui ne se contentent pas d'embraser le firmament, pour citer le mot des poètes, avec ces rayons de fin de jour s'emparant de mes pensées, en ultime évasion, soif intarissable de nouveaux horizons. Une envie irrésistible de suivre notre astre dans sa disparition, le temps d'une nuit que j'espère paisible, tout d'abord pour les poules qui se couchent en même temps que lui.

Elles ne sont pas les seules d'ailleurs à lui rendre hommage dans la contemplation du jour qui s'éteint, en cessant toute activité jusqu'à son retour, au lever. Les habitudes des nocturnes s'opposant aux diurnes, un duel pacifique de la faune et la flore, tous les êtres vivants de notre Planète. Une reine bleue, quand elle est vue d'en haut par les voyageurs de l'Espace, que couronnent les rayons du soleil, la couvrant d'or et de lumière, tous les matins et tous les soirs, depuis la nuit des temps. Fidèles l'un et l'autre à ces rendez-vous magiques, où la beauté du ciel ouvre sur l'amour universel au moment du lever et du coucher du soleil.

Julie Tomiris